Dans le cadre du colloque Altérités et résistances à l’épreuve du genre en Méditerranée, un espace spécifique sera réservé aux doctorant·es et post-doctorant·es (ayant soutenu leur thèse depuis moins de trois ans), sous la forme de présentation de posters en lien avec les thématiques abordées. Les étudiant·es en master 2 ayant soutenu ont également la possibilité de participer à cet appel sous réserve de déposer également une lettre de recommandation du directeur ou de la directrice de mémoire.
Les posters retenus seront exposés à la suite du colloque dans plusieurs lieux patrimoniaux de la région PACA (Mucem, Camp des Milles, Maison Méditerranéenne des Sciences de l’Homme, Aix-Marseille Université).
Ces posters feront également l’objet d’une remise de prix.
Axes de réflexion abordés par le poster :
1. Fabrique des systèmes normatifs : Hiérarchisation des sexes, rôles sociaux assignés aux femmes et aux hommes, normes de genres.
2. Stratégies transgressives et résiliences sociales : Marges et failles des systèmes normatifs, modes de détournement/négociation des règles, identification de certains profils incarnés de la transgression.
3. Altérités et reconfigurations socio-politiques en Méditerranée : Remise en cause de l’ordre des genres en temps de crises (sociétales, politiques, économiques…) impliquant une reconfiguration des catégories genrées. Ces reconfigurations, porteuses de transformations collectives, peuvent être abordées sous l’angle de la résistance, de l’adaptation, voire de l’innovation.
4. Mobilités et migrations au prisme du genre : Dans un contexte migratoire dynamique, observation de la manière dont les mobilités produisent les altérités et comment celles-ci se redéfinissent, se réinventent, en terre d’immigration.
Date limite de l'envoi des poster : 15 septembre 2019
https://altergemed.sciencesconf.org/resource/page/id/7
Appel à communication
Aix-en Provence 7, 8 et 9 novembre 2019
Les
sociétés euro-méditerranéennes ont construit leur organisation
socio-politique sur la bi-catégorisation et la hiérarchisation des sexes
et, aussi bien au Nord qu’au Sud, la structuration familiale a
déterminé les rôles sociaux assignés aux femmes et aux hommes, les
systèmes axiologiques et les normes légitimes de comportements (sociaux,
sexuels, familiaux, professionnels, etc.). En temps de crises — crises
sociétales, politiques, économiques, religieuses — l’ordre social est
remis en question. Les désordres politiques comme les guerres, les
révolutions, les guerres civiles, les révoltes populaires, les
migrations modifient les normes socio-politiques, interrogent les places
respectives des individus au regard de leurs collectifs d’appartenance
et reconfigurent les catégories genrées. Cela implique des résistances,
des adaptations voire des innovations qui sont porteuses de
transformations collectives.
Ce
colloque qui s’appuiera sur une approche pluridisciplinaire, des
démarches diachroniques et comparatives, propose d’identifier et
d’analyser les cadres propices aux changements et aux aménagements des
normes de genre et leurs effets en termes d’adaptation, de résistances
et d’évitement dans l’ensemble des contextes sociaux du bassin
méditerranéen. Il vise à rendre compte des figures de l’altérité et des
rapports sociaux à la différence ainsi que des résistances et des
mouvements sociaux que cela a pu produire ou génère actuellement. En
privilégiant les approches relevant des altérités, le colloque
présentera des logiques d’affrontements, répressions, adaptations,
violences, accommodements, voire innovations, etc. qui s’exprimeront
dans des résistances qui peuvent être émancipatrices mais peuvent
également révéler les conservatismes les plus rigides.
Marges, minorités, migrations
Si
les analyses des sciences humaines et sociales montrent comment les
bouleversements sociétaux font évoluer voire redéfinissent les liens
sociaux, l’étude des altérités permet de repérer les marges et les
failles des systèmes normatifs. Elle interroge leur fabrique par les
systèmes normatifs en vigueur et les modes de détournement des règles,
les catégories qui se forgent et les interactions qu’elles suscitent.
Les formes alternatives de la sexualité, de la famille, des pouvoirs, de
l’économie, des modes de vie, offrent – différemment selon les sexes –
la possibilité d’analyser, au-delà du carcan des règles instituées, des
figures féminines et masculines que l’on retrouve avec une certaine
constance sur le temps long (adultères, prostitué-es, homosexuel-les,
brigand-es, mais aussi artistes, performeur-ses, militant-es féministes
par exemple). Ces figures dissonantes ou ces profils incarnés de la
transgression constituent des postes d’observation des dispositifs
sociopolitiques normatifs qui minorent, excluent et hiérarchisent et
qui, dans le même mouvement, ouvrent de potentielles brèches à
l’expression, parfois ténue, de résistances individuelles ou
collectives.
De
ce fait, la norme nécessite une attention renouvelée qui ne se contente
pas de la définir comme oppressante, mais qui prenne aussi en compte
les usages et accommodements non conformes auxquels elle donne lieu dans
les trajectoires et les réalisations, aussi bien individuelles que
collectives. Par référence aux situations d’exclusion, d’oppression, de
domination, de stigmatisation, de marginalisation, comment ces dites
transgressions sont-elles vécues par les hommes et les femmes ? Comment
distinguer les formes de rapports de genre et leurs modes de
configuration ? Comment les normes sexuelles, les relations sexuées, les
contradictions et les tensions, les catégorisations sont-elles
négociées, agencées, transformées par les hommes et les femmes
concerné-e-s, dans les sociétés d’hier et dans celles du présent, au
Nord et au Sud de la Méditerranée?
Par
ailleurs, la façon dont se constituent les interactions entre les
populations du bassin méditerranéen, espace d’échanges et de
circulations, s’inscrit dans la mobilité, un élément clé de l’expérience
des femmes et des hommes qui le peuplent. Si ces flux sont amenés à se
densifier dans les prochaines années en raison de l’accroissement de la
dépendance des économies entre elles et du changement des profils de
candidat-e-s à la migration, ces dernier-e-s étant de plus en plus
qualifié-e-s, ils se heurtent néanmoins à de nouvelles frontières qui
filtrent, bloquent et forment de nouvelles catégories considérées comme
dangereuses ou reléguables. Révélatrices d’enjeux démographiques,
politiques, socio-économiques, ces mobilités et migrations avérées ou
projetées ne sont pas sans effets sur les rapports de genre et les
hiérarchies sociales, tant au plan individuel que collectif. De
surcroît, durant la dernière décennie, les tensions politiques et
militaires de la région ont entraîné de vastes mouvements migratoires
qui dépassent largement les seuls cadres économiques et renouvellent les
figures de la migration. À travers la violence de ces réalités
sociales, les normes explosent et les transgressions se développent dans
toutes les pratiques. La lecture de ces (dés)ordres au prisme du genre
induira des analyses relevant des situations migratoires dans leurs
rapports aux sociétés de départ et d’arrivée et fera l’objet d’une
lecture attentive aux situations de retour. Ce présent ne doit cependant
pas occulter les violences plus anciennes qui ont donné lieu à des
faits similaires, comme la colonisation par exemple.
Il
s’agira donc dans un contexte de dynamique de changements majeurs à
l’échelle euro-méditerranéenne d’observer comment ces mobilités
produisent les altérités et inversement. Comment celles-ci se
redéfinissent, se réinventent en contexte migratoire eu égard aux
dimensions culturelles, politiques, économiques voire religieuses qui
les traversent. Comment s’aménagent les expériences de l’altérité en
terre d’immigration et quelles sont les politiques de traitement de
l’altérité dans les pays d’accueil ?
Toutes
les formes d’altérité pourront être présentées dans la mesure où sera
mise en lumière la dimension de genre qui les traverse et qui modifie les comportements normés.
Stratégies transgressives et résistances sociales
Les
différentes figures de l’altérité n’en sont pas moins des figures de la
norme si l’on tient compte des interactions avec l’entourage et des
solidarités en jeu. Elles peuvent avoir deux visages, celui de
l’autonomisation et celui de la subordination, celui de l’émancipation
et celui de la soumission. Loin d’être complètement démunies, les
homosexuels/les au Maghreb, par exemple, développent des formes de
résistance et réussissent à construire des stratégies de mobilisation
pour la reconnaissance de leurs droits. Les femmes ont résisté et obtenu
des droits nouveaux en Tunisie, au Maroc, en Espagne ou en France par
exemple.
On
s’attachera ainsi à comprendre, en favorisant une perspective
diachronique, la combinaison des différents registres de normes, les
ressources mobilisées par les femmes et les hommes pour s’imposer sur
les scènes économique, politique ou sociale en l’absence de droits
reconnus, les résistances auxquelles elles se heurtent et leur manière
de négocier avec les normes institutionnelles et les normes de genre qui
les cantonnent dans des sphères restreintes. Seront questionnées les
interactions entre le droit, les cultures et les pratiques
transgressives avec un intérêt tout particulier apporté aux contraintes,
aux conventions et aux « règles du jeu » qui encadrent les actions des
hommes et des femmes. Quelles sont les lois et les normes qui font sens
pour les acteur-trice-s (qu’ils-elles s’y conforment ou cherchent à y
échapper) ? Quelles sont au contraire celles pour lesquelles toute
répression de la transgression leur paraît illégitime? L'objectif n'est
pas seulement de proposer une description de formes transgressives liées
au genre mais bien plutôt d'interroger ce qui est conçu par les
individus et les groupes comme des transgressions des normes de genre et
d'explorer parallèlement comment ces transgressions sont produites,
négociées et vécues individuellement et collectivement dans les sociétés
de départ et d’installation. Dans cette perspective, il sera utile
d'interroger les reconfigurations des normes de genre et la façon dont
elles participent à l'élaboration, à la négociation, à la reformulation
de nouveaux rapports à la norme pour l'ensemble des acteur-trice-s du
social.
Il
convient ainsi d’être attentif aux capacités d’agir des acteurs et
actrices pour contourner les normes, aux stratégies et aux multiples
formes de négociations et de résistance qui tracent les contours d’une «
altérité en actes » propres aux différentes catégories de l’altérité.
Face
à ces stratégies, des résistances conservatrices se lèvent dans la
construction de rapports de pouvoir fondamentaux. Après les guerres de
libération ou les « révolutions arabes », des régimes conservateurs ont
souvent ramené les acteur-trice-s nouvellement visibles, comme les
femmes ou les minorités, à leurs rôles anciens par des répressions qui
peuvent être sévères. Ces mouvements de résistance sociale, ne sont pas
spécifiques au XXIe siècle, ni bien évidemment au monde
arabe. Tout au contraire, les exemples en sont nombreux sur le temps
long et jalonnent les histoires nationales. Ce fut le cas des luttes des
femmes ou celles des minorités sexuelles ou les luttes anticoloniales,
notamment. On s’intéressera tout particulièrement ici à leur dimension
de genre et à leur développement autour de la Méditerranée.
Au-delà
des études de terrain spécifiques, on s’interrogera sur les enjeux de
ces réalités, portées par le genre, en termes de normes sociales, de
rapports de pouvoir, de différences locales, d’évolutions historiques
des pratiques. On se demandera comment se construisent les altérités en
Méditerranée et quelles sont leurs modalités et leurs conséquences dans
la diversité des contextes locaux. On s’interrogera sur les possibilités
de dialogues Nord-Sud autour des formes alternatives des normes de
genre et sur les rapprochements idéologiques d’émancipation ou de
conservatisme qui peuvent être observés.
On pourra également proposer des lectures plus épistémologiques des apports des sciences humaines et sociales à ces études.
Modalités pratiques
Les
propositions de communication en Français ou en Anglais (500 mots
maximum) sont à déposer avant le 15 avril 2019 sur le site https://altergemed.sciencesconf.org
Une réponse sera faite aux auteur-es le 15 mai 2019 au plus tard.
Le texte complet des interventions est attendu pour le 15 octobre 2019.
La
possibilité est ouverte aux jeunes chercheur-es de présenter un poster.
L’ensemble des modalités de ce format est à voir sur le site https://altergemed.sciencesconf.org/resource/page/id/7
Comité de pilotage
Constance De Gourcy, Maîtresse de Conférences en sociologie, LAMES UMR 7305, Aix-en-Provence
Sylvette Denèfle, Professeure des Universités émérite en Sociologie, CITERES UMR 7324, Présidente du Conseil scientifique du colloque
Sylvette Denèfle, Professeure des Universités émérite en Sociologie, CITERES UMR 7324, Présidente du Conseil scientifique du colloque
Zoë Dubus, Doctorante en Histoire, TELEMME UMR 7303, Aix-en-Provence
Karine Lambert, Maîtresse de Conférences en Histoire, Université de la Côte d’Azur, TELEMME UMR 7303, Aix-en-Provence