COLLOQUES /CONFERENCES/ المؤتمرات





Colloque « Altérités et résistances au prisme 
du genre en Méditerranée »

Appel à communication

Aix-en Provence 7, 8 et 9 novembre 2019

Les sociétés euro-méditerranéennes ont construit leur organisation socio-politique sur la bi-catégorisation et la hiérarchisation des sexes et, aussi bien au Nord qu’au Sud, la structuration familiale a déterminé les rôles sociaux assignés aux femmes et aux hommes, les systèmes axiologiques et les normes légitimes de comportements (sociaux, sexuels, familiaux, professionnels, etc.). En temps de crises — crises sociétales, politiques, économiques, religieuses — l’ordre social est remis en question. Les désordres politiques comme les guerres, les révolutions, les guerres civiles, les révoltes populaires, les migrations modifient les normes socio-politiques, interrogent les places respectives des individus au regard de leurs collectifs d’appartenance et reconfigurent les catégories genrées.  Cela implique des résistances, des adaptations voire des innovations qui sont porteuses de transformations collectives.
Ce colloque qui s’appuiera sur une approche pluridisciplinaire, des démarches diachroniques  et comparatives, propose d’identifier et d’analyser les cadres propices aux changements et aux aménagements des normes de genre et leurs effets en termes d’adaptation, de résistances et d’évitement dans l’ensemble des contextes sociaux du bassin méditerranéen. Il vise à rendre compte des figures de l’altérité et des rapports sociaux à la différence ainsi que des résistances et des mouvements sociaux que cela a pu produire ou génère actuellement. En privilégiant les approches relevant des altérités, le colloque présentera des logiques d’affrontements, répressions, adaptations, violences, accommodements, voire innovations, etc. qui s’exprimeront dans des résistances qui peuvent être émancipatrices mais peuvent également révéler les conservatismes les plus rigides.

Marges, minorités, migrations
Si les analyses des sciences humaines et sociales montrent comment les bouleversements sociétaux font évoluer voire redéfinissent les liens sociaux, l’étude des altérités permet de repérer les marges et les failles des systèmes normatifs. Elle interroge leur fabrique par les systèmes normatifs en vigueur et les modes de détournement des règles, les catégories qui se forgent et les interactions qu’elles suscitent. Les formes alternatives de la sexualité, de la famille, des pouvoirs, de l’économie, des modes de vie, offrent – différemment selon les sexes – la possibilité d’analyser, au-delà du carcan des règles instituées, des figures féminines et masculines que l’on retrouve avec une certaine constance sur le temps long (adultères, prostitué-es, homosexuel-les, brigand-es, mais aussi artistes, performeur-ses, militant-es féministes par exemple).  Ces figures dissonantes ou ces profils incarnés de la transgression constituent des postes d’observation des dispositifs sociopolitiques normatifs qui minorent, excluent et hiérarchisent et qui, dans le même mouvement, ouvrent de potentielles brèches à l’expression, parfois ténue, de résistances individuelles ou collectives.
De ce fait, la norme nécessite une attention renouvelée qui ne se contente pas de la définir comme oppressante, mais qui prenne aussi en compte les usages et accommodements non conformes auxquels elle donne lieu dans les trajectoires et les réalisations, aussi bien individuelles que collectives. Par référence aux situations d’exclusion, d’oppression, de domination, de stigmatisation, de marginalisation, comment ces dites transgressions sont-elles vécues par les hommes et les femmes ? Comment distinguer les formes de rapports de genre et leurs modes de configuration ? Comment les normes sexuelles, les relations sexuées, les contradictions et les tensions, les catégorisations sont-elles négociées, agencées, transformées par les hommes et les femmes concerné-e-s, dans les sociétés d’hier et dans celles du présent, au Nord et au Sud de la Méditerranée?
Par ailleurs, la façon dont se constituent les interactions entre les populations du bassin méditerranéen, espace d’échanges et de circulations, s’inscrit dans la mobilité, un élément clé de l’expérience des femmes et des hommes qui le peuplent. Si ces flux sont amenés à se densifier dans les prochaines années en raison de l’accroissement de la dépendance des économies entre elles et du changement des profils de candidat-e-s à la migration, ces dernier-e-s étant de plus en plus qualifié-e-s, ils se heurtent néanmoins à de nouvelles frontières qui filtrent, bloquent et forment de nouvelles catégories considérées comme dangereuses ou reléguables. Révélatrices d’enjeux démographiques, politiques, socio-économiques, ces mobilités et migrations avérées ou projetées ne sont pas sans effets sur les rapports de genre et les hiérarchies sociales, tant au plan individuel que collectif. De surcroît, durant la dernière décennie, les tensions politiques et militaires de la région ont entraîné de vastes mouvements migratoires qui dépassent largement les seuls cadres économiques et renouvellent les figures de la migration. À travers la violence de ces réalités sociales, les normes explosent et les transgressions se développent dans toutes les pratiques. La lecture de ces (dés)ordres au prisme du genre induira des analyses relevant des situations migratoires dans leurs rapports aux sociétés de départ et d’arrivée et fera l’objet d’une lecture attentive aux situations de retour. Ce présent ne doit cependant pas occulter les violences plus anciennes qui ont donné lieu à des faits similaires, comme la colonisation par exemple.
Il s’agira donc dans un contexte de dynamique de changements majeurs à l’échelle euro-méditerranéenne d’observer comment ces mobilités produisent les altérités et inversement. Comment celles-ci se redéfinissent, se réinventent en contexte migratoire eu égard aux dimensions culturelles, politiques, économiques voire religieuses qui les traversent. Comment s’aménagent les expériences de l’altérité en terre d’immigration et quelles sont les politiques de traitement de l’altérité dans les pays d’accueil ?
Toutes les formes d’altérité pourront être présentées dans la mesure où sera mise en lumière la dimension de genre qui les traverse et qui modifie les comportements normés.

Stratégies transgressives et résistances sociales
Les différentes figures de l’altérité n’en sont pas moins des figures de la norme si l’on tient compte des interactions avec l’entourage et des solidarités en jeu. Elles peuvent avoir deux visages, celui de l’autonomisation et celui de la subordination, celui de l’émancipation et celui de la soumission. Loin d’être complètement démunies, les homosexuels/les au Maghreb, par exemple, développent des formes de résistance et réussissent à construire des stratégies de mobilisation pour la reconnaissance de leurs droits. Les femmes ont résisté et obtenu des droits nouveaux en Tunisie, au Maroc, en Espagne ou en France par exemple.
On s’attachera ainsi à comprendre, en favorisant une perspective diachronique, la combinaison des différents registres de normes, les ressources mobilisées par les femmes et les hommes pour s’imposer sur les scènes économique, politique ou sociale en l’absence de droits reconnus, les résistances auxquelles elles se heurtent et leur manière de négocier avec les normes institutionnelles et les normes de genre qui les cantonnent dans des sphères restreintes. Seront questionnées les interactions entre le droit, les cultures et les pratiques transgressives avec un intérêt tout particulier apporté aux contraintes, aux conventions et aux « règles du jeu » qui encadrent les actions des hommes et des femmes. Quelles sont les lois et les normes qui font sens pour les acteur-trice-s (qu’ils-elles s’y conforment ou cherchent à y échapper) ? Quelles sont au contraire celles pour lesquelles toute répression de la transgression leur paraît illégitime? L'objectif n'est pas seulement de proposer une description de formes transgressives liées au genre mais bien plutôt d'interroger ce qui est conçu par les individus et les groupes comme des transgressions des normes de genre et d'explorer parallèlement comment ces transgressions sont produites, négociées et vécues individuellement et collectivement dans les sociétés de départ et d’installation. Dans cette perspective, il sera utile d'interroger les reconfigurations des normes de genre et la façon dont elles participent à l'élaboration, à la négociation, à la reformulation de nouveaux rapports à la norme pour l'ensemble des acteur-trice-s du social.
Il convient ainsi d’être attentif aux capacités d’agir des acteurs et actrices pour contourner les normes, aux stratégies et aux multiples formes de négociations et de résistance qui tracent les contours d’une « altérité en actes » propres aux différentes catégories de l’altérité.
Face à ces stratégies, des résistances conservatrices se lèvent dans la construction de rapports de pouvoir fondamentaux. Après les guerres de libération ou les « révolutions arabes », des régimes conservateurs ont souvent ramené les acteur-trice-s nouvellement visibles, comme les femmes ou les minorités, à leurs rôles anciens par des répressions qui peuvent être sévères. Ces mouvements de résistance sociale, ne sont pas spécifiques au XXIe siècle, ni bien évidemment au monde arabe. Tout au contraire, les exemples en sont nombreux sur le temps long et jalonnent les histoires nationales. Ce fut le cas des luttes des femmes ou celles des minorités sexuelles ou les luttes anticoloniales, notamment. On s’intéressera tout particulièrement ici à leur dimension de genre et à leur développement autour de la Méditerranée.

Au-delà des études de terrain spécifiques, on s’interrogera sur les enjeux de ces réalités, portées par le genre, en termes de normes sociales, de rapports de pouvoir, de différences locales, d’évolutions historiques des pratiques. On se demandera comment se construisent les altérités en Méditerranée et quelles sont leurs modalités et leurs conséquences dans la diversité des contextes locaux. On s’interrogera sur les possibilités de dialogues Nord-Sud autour des formes alternatives des normes de genre et sur les rapprochements idéologiques d’émancipation ou de conservatisme qui peuvent être observés.
On pourra également proposer des lectures plus épistémologiques des apports des sciences humaines et sociales à ces études.
Modalités pratiques
Les propositions de communication en Français ou en Anglais (500 mots maximum) sont à déposer avant le 15 avril 2019 sur le site https://altergemed.sciencesconf.org
Une réponse sera faite aux auteur-es le 15 mai 2019 au plus tard.
Le texte complet des interventions est attendu pour le 15 octobre  2019.
La possibilité est ouverte aux jeunes chercheur-es de présenter un poster. L’ensemble des modalités de ce format est à voir sur le site https://altergemed.sciencesconf.org/resource/page/id/7
Comité de pilotage
Constance De Gourcy, Maîtresse de Conférences en sociologie, LAMES UMR 7305, Aix-en-Provence

Sylvette Denèfle, Professeure des Universités émérite en Sociologie, CITERES UMR 7324, Présidente du Conseil scientifique du colloque
Zoë Dubus, Doctorante en Histoire, TELEMME UMR 7303, Aix-en-Provence
Karine Lambert, Maîtresse de Conférences en Histoire, Université de la Côte d’Azur, TELEMME UMR 7303, Aix-en-Provence


APPEL À POSTER

Dans le cadre du colloque Altérités et résistances à l’épreuve du genre en Méditerranée, un espace spécifique sera réservé aux doctorant·es et post-doctorant·es (ayant soutenu leur thèse depuis moins de trois ans), sous la forme de présentation de posters en lien avec les thématiques abordées.

Chaque poster fera l’objet d’une présentation d’environ cinq minutes en français ou en anglais, suivie d’une discussion de cinq minutes. Si les posters sont en anglais, la présentation se fera en français et vice-versa.

Une attention particulière sera portée sur la variété des documents présentés (cartes, graphiques, images et photographies), de manière à produire des posters visuellement attrayants. Les candidat·es devront impérativement privilégier la lisibilité du poster en termes de polices et d’images utilisées. Ils et elles seront évalué·es par un comité scientifique composé exclusivement de doctorant·es et post-doctorant·es.

L’organisation du colloque prendra en charge l’impression des posters. Lorsqu’un·e auteur·e présente une proposition de communication par poster, il ou elle s’engage à s’inscrire au colloque et à être présent·e aux deux journées.

Les posters retenus seront exposés à la suite du colloque dans plusieurs lieux patrimoniaux de la région PACA (Mucem, Camp des Milles, Maison Méditerranéenne des Sciences de l’Homme, Aix-Marseille Université).

Axes de réflexion abordés par le poster :

1. Fabrique des systèmes normatifs : Hiérarchisation des sexes, rôles sociaux assignés aux femmes et aux hommes, normes de genres.

2. Stratégies transgressives et résiliences sociales : Marges et failles des systèmes normatifs, modes de détournement/négociation des règles, identification de certains profils incarnés de la transgression.

3. Altérités et reconfigurations socio-politiques en Méditerranée : Remise en cause de l’ordre des genres en temps de crises (sociétales, politiques, économiques…) impliquant une reconfiguration des catégories genrées. Ces reconfigurations, porteuses de transformations collectives, peuvent être abordées sous l’angle de la résistance, de l’adaptation, voire de l’innovation.

4. Mobilités et migrations au prisme du genre : Dans un contexte migratoire dynamique, observation de la manière dont les mobilités produisent les altérités et comment celles-ci se redéfinissent, se réinventent, en terre d’immigration.

Consignes à respecter :

- Le poster doit être en format A1 (84,1 x 59,4 cm), orientation portrait.
- 1 à 2 polices pour le document
- Taille de police Texte : ≥ 20
- Taille de police Sous-titres : ≥ 28
- Taille de police Titre : ≥ 36

Organisation du poster :

Titre
Objectifs
Méthodologie
Résultats
Conclusion
Contact (Nom-Prénom-email du ou de la doctorant-e / Ecole doctorale-Laboratoire / Directeur-trice de thèse)

Date limite : 15 mai 2019

 Comités scientifique des doctorant·es et post-doctorant·es :
Ibtissem Ben Dridi : docteure en anthropologie, membre affiliée du Centre d'Études et de Recherches sur les Mondes Américains (CERMA - UMR 8168 - EHESS/CNRS) ; membre associée de l'Institut d'Histoire et d'Anthropologie des Religions (IHAR - Université de Lausanne).

Jean-Stéphane Borja : docteur en sociologie (LAMES AMU)

Khadidja Boussaïd : doctorante en sociologie urbaine, université d’Alger, chercheure permanente au CREAD (Centre de recherche en économie appliquée pour le développement).

Camille Caparos : doctorante en Histoire Moderne UMR 7303 TELEMME (AMU-CNRS)

Meriam Cheikh : post-doctorante en socio-anthropologie à l’université d’Edimbourg, bourse Marie Curie (LAMES AMU)

Eleni Demetriou : doctorante en sociologie (LAMES AMU)

Zoë Dubus : doctorante en histoire contemporaine (TELEMMe AMU)

Romain Facchini : doctorant en histoire moderne (TELEMMe AMU)

Nassim Hamdi : doctorant en sociologie du sport, Université de la Manouba, Tunisie.

Soizic Morin : doctorante en histoire contemporaine (TELEMMe AMU)

Faten Msakni : doctorante (Faculté des Lettres et des Sciences Humaines de Sfax (Tunisie) / LAMES AMU)

Laura Odasso : docteure en sociologie –ATER (LAMES AMU)

Farida Souiah : post-doctorante en sociologie Labex-Med (LAMES AMU)














 

Colloque international 

Femmes engagées au cœur de l’action

Espace euro-méditerranéen

Mise en récit(s), mise en image(s)


Nancy, 4 et 5 avril 2019




À toutes les époques, dans toutes les civilisations, aux quatre coins du monde, nombreux et incontestables sont les exemples de figures féminines, célèbres ou plus discrètes, en lutte contre les règles, les préjugés, les traditions, les stéréotypes… Au coeur d’une action de conscientisation sociopolitique, les femmes ont toujours remis et remettent encore en question les modes de pensée de leur culture, les conventions ou coutumes socioculturelles, les normes politiques ou les règles morales. Qu’il intervienne dans une société démocratique, autocratique ou coloniale, en situation de paix, de guerre, d’exil et d’occupation, leur engagement social est divers : dissimulé ou ostentatoire, du domaine public ou privé, il prend la forme tantôt d’une simple divergence d’ordre familial, tantôt d’une lutte active, via l’action politique, le bénévolat et les structures associatives ou humanitaires. Spontanée ou réfléchie, leur opposition aux statuts, rôles, droits ou obligations que leur culture ou leur religion attribuent à leur sexe et dans lesquels elles se sentent à l’étroit, conduit à franchir des étapes non négligeables dans le mouvement d’émancipation féminine et de revendication d’une identité propre, mais plus encore dans le processus d’évolution socioculturelle.
Le colloque a pour ambition de mettre en lumière les modalités de la mise en narration textuelle, iconique ou audiovisuelle des mobilisations et des engagements de femmes. L’enjeu sera de mettre en perspective le discours sur l’engagement au féminin, sa représentation et sa perception, prioritairement des aires euro-méditerranéennes de l’Antiquité à nos jours, au travers de l’étude de divers supports et corpus : littérature (récit fictionnel, roman, nouvelle, théâtre, témoignage, récit de voyages, autobiographique, autofiction, BD…), cinéma fictionnel ou documentaire, photographie, peinture et médias (presse écrite, audiovisuel, médias en ligne). Il s’agira d’étudier les stratégies de la mise en scène(s)/en récit(s)/en image(s) de la représentation de divers types d’engagement au féminin, de leur inscription dans un espace, un temps, un champ culturel donnés, de leur interaction avec une société, une culture, des normes, un imaginaire collectif, etc.

L’objectif ultime sera de dégager le rôle de l’engagement féminin dans le projet narratif et les choix esthétiques opérés par les auteurs de ces portraits de femmes.


Ainsi, au coeur des pratiques culturelles et intellectuelles, le thème de « l’engagement féminin au coeur de l’action » sera envisagé en tant qu’il développe des constructions narratives, des règles, un imaginaire, un langage, des représentations propres. Dans le prolongement de la théorie de l’action et du texte (Ricoeur 1998 [1986]), le colloque étudiera l’opération de transformation en texte/image – le paradigme –, depuis l’émergence narrative jusqu’à la mise en intrigue, en passant par « des étapes d’autonomisation et d’inscription », au travers desquelles « la signification de l’action est fixée, séparée de la situation de l’énonciation et de l’intention de l’auteur » (Yavuz, 2008). Les espaces géographiques étudiés couvriront aussi bien les aires espagnoles que les pays arabes ou encore Israël et les pays de l'Europe de l'Est pour élargir l'analyse des récits/images qui montrent le déploiement des femmes engagées dans le monde juif. Au XXe et au XXIe siècles, les bouleversements historico-politiques dans les mondes juifs et arabes ont permis à certaines figures féminines de se propulser sur les devants de la scène afin d'opérer leur influence sur les événements. L'émancipation de la femme dans ces pays s'opère d'une manière d'autant plus violente que les liens à la tradition patriarcale sont encore très forts. La mise en scène/en récit/en image de l'engagement féminin dans l'espace méditerranéen et juif pourront être étudiées afin de mettre en avant ce phénomène dans le monde contemporain.

Seront envisagés, au travers de divers types de méthodologies ‒ sociocritique, sémiotique, narratologie, intertextualité, poétique, physiognomonie etc. ‒ cinq axes majeurs :

a) Engagement féministe : cet axe s’intéressera aux récits se rapportant aux divers aspects de la lutte féministe pour la reconnaissance de leurs droits, pour l’amélioration des conditions féminines (droit de vote, droit à l’emploi, au divorce, à la contraception, à l’avortement,…), pour le rééquilibrage des rapports sociaux hommes/femmes. Fort d’une approche historique, il traitera des engagements féministes contemporains mis en exergue dans l’espace public (exemple : les cas de harcèlements sexuels que dénonce le hashtag #balancetonporc, etc.).

b) Engagement politico-social et humanitaire : cet axe étudiera la mise en récit(s) ou en image(s) des actions de femmes militantes, engagées pour la pacification de la société, l’amélioration des conditions de vie, le développement économique, le bien-être de tous, la démocratisation de la société, l’écologie,…

c) Femmes intimes en lutte : cet axe étudiera la mise en récit(s) / en image(s) des luttes de femmes contre les volontés des hommes de leur famille proche, leur combat contre la convoitise sexuelle des hommes ou contre les coutumes aliénantes et sclérosantes qui les privent de leur liberté individuelle et de leur identité propre.

d) Femmes publiques ou femmes en situation de transgression des tabous : par leur choix de vie (prostitution, profession considérée comme masculine, rôle prééminent dans le milieu socioéconomique, politique, militaire, culturel ou scientifique…), certaines femmes marquent la société, attirant sur elles des regards courroucés, horrifiés, émerveillés, admiratifs… Cet axe étudiera d’une part, la représentation et la perception qu’auteur et lecteur de récits iconiques, textuels ou audiovisuels en ont et, d’autre part, la mise en récit de ces vies publiques remarquables et de leur interaction avec la société.

e) Femmes et journalisme : le champ médiatique permet aux femmes de mettre en récit et de rendre visibles ces différents types d'engagements. Autrefois marginales dans le journalisme et dans les médias traditionnels (presse écrite, médias audiovisuels), les femmes se mirent à y occuper un rôle plus important. Depuis l’explosion des chaînes satellitaires et des médias numériques, elles participent plus activement encore à la fabrication de l’information tant du point de vue de la forme que du contenu. Cet empowerment, doit être nuancé, c’est l’objet de cet axe. Mais, la place accrue des femmes comme productrices de discours médiatiques – et comme usagères des médias sociaux – donne lieu à de nouveaux récits et cadrages de l’actualité, ainsi qu’à une mise en visibilité accrue des femmes et des minorités de manière générale.




Bibliographie non exhaustive :

Adam Jean-Michel, Le Texte narratif, traité d’analyse pragmatique et textuelle, Paris, Nathan, coll. « Nathan Université », 1994.
Barthes Roland, « Le message photographique », dans Communications, n° 1, Paris : Seuil, 1961 : 127-138.
Barthes Roland, « Rhétorique de l’image », dans Communications n°4, Paris : Seuil, 1964 : 40-51.
Bertrand David, « L’essor du féminisme en ligne. Symptôme de l’émergence d’une quatrième vague féministe ? », Réseaux, 2018/2 (n° 208-209), p. 232-257.
Beyaert-Geslin Anne, L’Image entre sens et signification, Paris, Publications de la Sorbonne, 2006.
Combe Dominique, « La marquise sortit à cinq heures… Essai de définition linguistique du récit », dans Le Français moderne, n°3/4, 1989 : 155-166.
Coulomb-Gully Marlène, Femmes en politique, en finir avec les seconds rôles, Paris, Editions Belin, 2016.
Deleuze Gilles, L’Image-mouvement, Paris, Minuit, 1983.
Di Cesare Christelle, « L'itinéraire d'une féministe romantique : Carolina Coronado, femme et poète entre force et fragilité », dans Belphégor, vol. VII, n°2, juin 2008. Online, URL : http://etc.dal.ca/belphegor/vol7_no2/articles/07_02dicesa_corona_fr.html.
Di Cesare Christelle, « La notion de couple et de parentalité dans le film La buena estrella de Ricardo Franco : les frontières floues entre la norme et la déviance », dans Sylvie Hanicot-Bourdier, Nicole Fourtané, Michèle Guiraud (dir.), Normes et déviance dans le monde luso-hispanophone, Nancy, PUN-Presses Universitaires de Lorraine, 2013.
Di Cesare Christelle, « Carme Chacón, mère et ministre de la Défense espagnole : un symbole de l'Espagne du XXIème siècle ? », dans P. Sardin, X. Daverat, S. Ravez. L. Machet (dir.), Les Mères et l'autorité, l'autorité des Mères, Bordeaux, Presses Universitaires de Bordeaux, 2012.
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Metz Christian, « Remarques pour une phénoménologie du narratif », dans Essais sur la signification au cinéma, t. 1, Paris, Klincksieck, 1968 : 27.
Mondzain-Baudinet Marie-José, « Narratif Art », dans Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 6 août 2017. URL : http://www.universalis.fr/encyclopedie/art-narratif/
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Ricoeur Paul, « Le modèle du texte : l’action sensée considérée comme un texte », dans Du texte à l’action. Essais d’herméneutique II, Paris : Seuil, coll « Points Essais », 1998 [1986] : 183-236.
Schaeffer Jean-Marie, « Narration visuelle et interprétation », dans Jan Baetens et Mireille Ribière, Time, Narration and the Fixed Image, Amsterdam, Atlanta, Rodopi, 2001 : 11-27.
Thévenot Laurent, L'Action au pluriel, Sociologie des régimes d’engagement, Paris, La Découverte, 2006.
Yavuv Perin Emel, « Photographie, séquence et texte. Le Narrative art aux confins d’une temporalité féconde », dans Image [&] Narrative. Online Magazine of the Visual Art, 13 (Time and Photography / La photographie et le temps), 2008.

URL : http://www.imageandnarrative.be/inarchive/Timeandphotography/yavuz.html

Comité d’organisation : Laurence Denooz – Christelle di Cesare – Nurit Levy –Tourya Guaaybess
Comité scientifique :
Maria Elisa Alonso Garcia, Université de Lorraine, Nancy
Martina Censi, Université de Rennes 2
 Elsa Chaarani, Université de Lorraine
 Lucie Kempf, Université de Lorraine
Aurore Renaut, Université de Lorraine
Monica Ruocco, Università degli Studi di Napoli L’Orientale, Italie
Léna Saade Gebran, Université Saint-Esprit de Kaslik, Liban
Maria Grazia Sciortino, Université de Palerme, Italie
Sylvie Thieblemont, Université de Lorraine
Elisabeth Vauthier, Université de Lyon 3
Talal Wehbe, Université Saint-Esprit de Kaslik, Liban

Calendrier :
Dépôt des propositions (résumé de 10 lignes) : 28 septembre 2018
Examen des propositions et décisions au 26 octobre 2018

 Colloque : 4-5 avril 2019 à l'Université de Lorraine.

Frais d’inscription pour les intervenant.e.s : 30 €.

 Les versements seront à effectuer sur place. Le financement des repas sera assuré par l’Université de Lorraine, sauf exception, les voyages et l’hébergement resteront à la charge des participant.e.s ou de leur institution d’appartenance.

Format des propositions :
 1 document word isolé comportant le nom, l’appartenance institutionnelle, le grade, le titre de la communication et les coordonnées de l’auteur (adresse professionnelle, adresse personnelle, adresse électronique et téléphone)
1 document (format Word et format PDF) comportant un résumé de 15 à 20 lignes en français ou en anglais (Word, Times 12, interligne 1,5) présentant le corpus étudié, les idées principales, le raisonnement et les conclusions générales, et précisant le cadre et les notions. 3 mots-clés devront également être mentionnés.

Les propositions de communication seront adressées conjointement à:

Christelle di Cesare : christelle.di-cesare@univ-lorraine.fr

Nurit Levy : nurit.levy@univ-lille.fr

 Laurence Denooz : laurence.denooz@univ-lorraine.fr

 Tourya Guaaybess : tourya.guaaybess@univ-lorraine.fr
 

Langue de la communication et de la publication : français et/ou anglais.

Les communications seront de 20 minutes suivies de 10 minutes de questions. 

Les articles feront l’objet d’une publication, sous la forme d’un volume collectif, avec comité de lecture. Les consignes éditoriales seront envoyées avec la réponse.






 

 

 

 

 

Journée d’étude organisée par:

Anastasia Porret, Tiziano Peccia, Azadeh Kian

« Genre et transgressions : représentation, agentivité, autodétermination » 2 mars 2018, 10h-18h


Journée d'étude " a quoi sert le genre"

mardi 14 mars 2017

puis

Conférence
"Les études de genre appliquées à la recherche culturelle et littéraire :
questions théoriques et méthodologiques"

Le mercredi 15 MARS 2017

Faculté des lettres et des sciences humaines 

(de aïn-chock)

salle de conférence driss chraïbi - Casablanca

 




capsule vidéo de cette journée d'étude

Livret des résumés d'interventions


Programme de la journée



Colloque de divulgation des recherches sur le Genre
Hôtel Africa El Mouradi - Tunis 
Mercredi 11 Mai 2016
Précédé d’un atelier doctoral le Mardi 10 Mai 2016









PRÉSENTATION DU COLLOQUE

Recherches sur les Migrations avec une approche Genre Les mobilités humaines et leurs enjeux constituent une grande question contemporaine qui est au cœur des débats politiques, médiatiques et de société. 

Cette question prend place dans le contexte de la libre circulation des populations privilégiées, celle des capitaux, des marchandises et des informations, et dans celui de la fermeture des frontières, de la circulation conditionnée, de la mobilité contrainte, voire de la « militarisation » de la question migratoire. Laquelle s’inscrit également dans une conjoncture de cumul des richesses – par une minorité de personnes –, de mondialisation des profits, de paupérisation, de précarisation et de toutes formes de tensions et de conflits. On observe aussi que les politiques des États conduisent à la guerre dans de larges parties du monde, que le marché des armes reste actif. On assiste au plan international à des alliances que seuls des intérêts marchands peuvent expliquer en même temps que se développent des instruments juridiques et répressifs en vue de contenir les populations dans des zones de conflit et/ ou de pauvreté. 

Or, malgré les obstacles de tous ordres, et notamment l’état de guerre et de précarité climatique et/ou matérielle dans lesquels certaines populations vivent dans les pays du Sud en crise, une partie de ces populations franchit les murs de barbelés érigés un peu partout et arrivent en masse dans les pays frontaliers de l'Europe. Cette vision est aussi juste en ce qui concerne la Méditerranée. Aujourd'hui certaines régions du monde perdent ainsi leur population, y compris leurs élites selon des modalités différentes, certes. 

Mais les conditions sont rendues plus particulièrement difficiles aux migrants/ réfugiés les plus démunis. Ces déshérités venus du Sud se heurtent, dans leur quête d’un refuge, à l’inhumanité des politiques des pays européens qui peut être qualifiée de véritable catastrophe du XXIe siècle. C’est donc l’errance des plus fragiles qu’observent les populations nanties de l’ensemble de la planète ; derrière les barbelés qui divisent le monde ils comptent les cadavres sur les rivages. Parmi eux, les femmes et les enfants sont nombreux. Dans ce contexte, la prise en compte des populations migrantes les plus vulnérables et l’étude de leurs problématiques s’avèrent particulièrement nécessaires. Au cours de ce colloque, que le RUSEMEG se propose d’organiser en collaboration avec les chercheuses et les chercheurs de l’Université d’Oran, nous nous intéresserons plus particulièrement aux mobilités des migrantes, en envisageant la question sous l’angle politique et économique tout en abordant l’évolution historique de la question. La recherche en ce domaine a beaucoup évolué. 

La rupture avec l’européocentrisme et l’androcentrisme, l’évolution/ dégradation des conditions matérielles des déplacements et la prise en compte de la mondialisation ont permis non seulement de rendre visibles les migrantes mais de complexifier les études sur les parcours des femmes. Il ne s’agit plus d’étudier une catégorie statique de personnes qui s’installent pour une longue durée dans un pays « d’accueil », mais d’aborder leur déplacement comme un « processus social », ce qui implique de prendre en compte les conditions du départ, les étapes, les retours, les mouvements de balanciers,les conditions de leur installation dans les lieux d’accueil, etc. 

Les mobilités, les circulations, les motivations, les statuts sociaux des personnes sont si variés qu’il est impossible de globaliser les études sans distinguer la totalité de ces aspects. Compte tenu des contraintes plus importantes de cette dernière décennie, peuton encore affirmer que la migrante est «devenue une figure emblématique des transformations des ordres économiques locaux et globaux», comme l’a écrit, en 2010, Laurence Rouleau-Berger (Migrer au féminin, PUF, 2010) ? Entre la femme réfugiée venant de la Syrie et l’étudiante kenyane admise à Oxford qu’y-a-t-il de commun ? Entre la prostituée contrainte, la domestique enrôlée de force puis réduite à l’état d’esclavage et les business women de Mauritanie, comment établir un lien ? Entre les migrations inté- rieures ou saisonnières (par exemple entre le Maroc et l’Espagne) et les déplacements forcés par un état de guerre, difficile de globaliser la réflexion y compris critique. Il semble cependant que l’on puisse se rallier au point de vue des chercheur-e-s qui considèrent que les migrations – qu’elles soient internes, régionales, nationales ou internationales – et l’exploitation du travail des femmes accentuent la pauvreté de celles qui en sont les premières victimes, mais peut aussi permettre, dans certaines conditions, l’émancipation des femmes migrantes. 

Ainsi, il s’agira de questionner la mobilité/ immobilité des femmes dans les circulations internationales, là où se joue l’articulation entre la trajectoire sociale et la trajectoire spatiale des migrantes, où le politique est déterminant et où s’inscrivent des enjeux de pouvoir, tout autant économiques que sociétaux ou encore symboliques. Par ailleurs, l’époque actuelle incite à mener une réflexion plus théorique et problématique sur ce qui est en jeu à travers les questions et les politiques migratoires contemporaines dans lesquelles se construisent/déconstruisent/ reconstruisent les rapports à l’étranger et à l’altérité. De plus, les récentes querelles et violences autour des cultures dites d’origine ou des identités nous obligent à repenser la question de la production et les conditions d’élaboration de ces cultures et de ces identités. Et surtout de rendre compte de l’apport de ces échanges transversaux, autant en ce qui concerne les pays d’où partent ces migrantes que ceux dans lesquels elles s’installent, de façon temporaire ou définitive, tout en inscrivant cette réflexion dans le cadre des études sur le genre. 

Au cours de ce colloque plusieurs thèmes pourront être abordés, qui permettront d’approcher les conditions de départ des différentes catégories de population (émigration choisie, conditions climatiques, chômage, violences et conflits) comme les conditions de la traversée (différentes modalités d’exploitation matérielles et sexuelles) et celles d’arrivée dans des contextes rêvés, lorsque les migrantes sont confrontées au réel, c’est-à-dire aux conditions d’accueil et aux mutations soulevées par leur arrivée dans les sociétés censées les recevoir (législation, violences, déni de l’Autre mais aussi processus de mutation autant des migrantes que des sociétés dites « d’accueil »). 







Compte rendu du Colloque international du RUSEMEG

« Crises actuelles et enjeux démocratiques en méditerranée à l’épreuve du genre »

 samedi 6 avril 2013 à Marseille

Hémicycle de Marseille Provence Métropole-Pharo






Première rencontre internationale de chercheurs organisée par le RUSEMEG, ce colloque a lancé le projet pilote d’un Réseau Universitaire et scientifique euro-méditerranéen sur le genre et les femmes. Ce réseau se veut le pôle connaissance du projet euro-méditerranéen « Women Empowerment project », labellisé par l’Union pour la Méditerranée et préfigurant la future Fondation des femmes de la Méditerranée dont la création doit être annoncée au prochain sommet des ministres de l’Union pour la Méditerranée.


Le colloque a été précédé par la réunion du Bureau du RUSEMEG qui a permis d’élargir le bureau initial, issu de l’assemblée constituante du 7 décembre 2012, à quatre autres membres, universitaires du Maroc, de la Tunisie de l’Algérie et de l’Espagne.

Organisé sur une journée, le colloque a réuni neuf femmes universitaires de l’espace euro-méditerranéen engagées dans la recherche sur le genre et l’égalité femmes-hommes ainsi que de nombreuses représentantes d’associations ou de femmes actives dans la lutte pour l’égalité.

Les intervenantes ont analysé la situation des femmes dans les pays du sud de la Méditerranée au lendemain des révoltes du printemps arabes et la situation parallèle des femmes européennes soumises à la crise économique et démocratique que vit actuellement l’Europe.


Le colloque a été ouvert par la secrétaire générale de la délégation interministérielle française à la Méditerranée, Nathalie Pilhes et salué en clôture par Fatma Lalem, adjointe au Maire de Paris et chargée de mission au Forum de la Fondation Anna Lindh par la Ministre française des droits des femmes.


Le colloque était présidé par Madame Yvonne Kniebilher, pionnière des recherches sur les femmes et la maternité, initiatrice du laboratoire de recherche sur le genre GeFEM et membre de la Maison Méditerranéenne des sciences de l’homme d’Aix en Provence.

La modération du colloque a été assurée par Mme Hager Ben Cheik journaliste et universitaire tunisienne.



Après l’allocution initiale de Zohra Mezgueldi, Présidente du RUSEMEG, qui a rappelé l’importance des enjeux actuels de l’égalité des femmes pour la démocratie ( ?) le colloque a développé des analyses sur les sujets suivants :



Matinée :


« Les droits des Tunisiennes en contexte de transition : défis menaces et résistances » par Dalenda Larguèche, professeure d’histoire à l’Université de la Manouba, Tunis et directrice du CREDIF. La chercheuse a étudié les mutations de la société tunisienne. D’une situation passée où seul l’État jouait un rôle proéminent à aujourd’hui où les acteurs politiques, sociaux et culturels se bousculent, se multiplient et s’affrontent autour de questions sociétales dont la plus importante est celle de la place de la femme, de son statut dans la société et les textes législatifs. Il en résulte une situation de remise en question des acquis, que beaucoup de tunisiens pensaient irréversibles. « L’égalité entre les sexes est maintenant au centre de cet enjeu démocratique, dont il est la question centrale ».

« Les subjectivités précaires et les politiques de genre dans la crise grecque » _


Elena Tzelepis, chercheuse grecque au centre d’études avancées de Sofia en Bulgarie. Elena Tzelepis établi un parallèle entre les luttes contre l’austérité dans son pays et la révolution égyptienne. De la place Syntagma à Athènes, à la place Tahrir, au Caire, la chercheuse établit un pont entre les luttes. Car si les deux crises ont des causes différentes, elles portent les mêmes conséquences : régression conservatrice et extrémisme, qui touchent en premier lieu les femmes.

« Les Algériennes en politique, d’hier à aujourd’hui » par Fatma Oussedik, Professeure de sociologie à l’Université d’Alger 2, et directrice de recherche associée au CREAD ». Fatma Oussedik réfléchit à « l’exception algérienne dans les printemps arabes. Pourquoi ? ». S’inscrivant dans une démarche intellectuelle et militante, allant des maquisardes, mais aussi des militantes féministes ou non, tuées à cause de leur engagement. Pour autant, la chercheuse refuse de se laisser aveugler par les « allumeurs de fausse lumière » de ces printemps arabes, pointant aussi bien les puissances d’argent que les islamistes, chacun porteurs de projets étrangers aux revendications des femmes algériennes. Car rappelle-t-elle, « c’est autour du corps des femmes dans l’espace public que vont s’organiser les représentations politiques qui nous posent problème aujourd’hui ».

Les interventions ont donné lieu à de nombreuses réactions de la part du public, notamment sous la forme de témoignages spontanés plus que sous la forme de questions. Les sujets abordés, l’excision, la situation tunisienne sous le règne du parti islamiste Enahda, l’argent du Qatar, les salafistes, l’Islam contextualisé contre un Islam politisé et instrumentalisé, la laïcité et l’athéisme…



Après-midi :


« Comment est présentée la régression des droits des femmes en Espagne : une analyse linguistique » par Marta Segarra, Professeure de littérature à l’Université de Barcelone. 


Marta Segarra a disséqué le contexte politique espagnol alors que le pays est durement touché par la crise. La régression des droits des femmes s’effectue en même temps que la société se crispe sous le poids de la crise et que fleurissent les propos polémiques de certains hommes politiques. A travers l’étude des mots utilisés, la linguiste analyse les mécanismes de ces discours rétrogrades, avec humour, mais non sans tenir compte de leur dimension pathétique.

« L’anomalie italienne et le mouvement politique des femmes » par Chiara Zamboni, professeure de philosophie à l’Université de Vérone. Militante et philosophe, Chiara Zamboni

« Genre et réforme du système judiciaire au Maroc » par Fouzia Assouli, Présidente de la ligue démocratique pour les droits de la femme, Maroc

« Du droit à la réalité, un espace-temps à repenser » par Michèle Riot-Sarcey, professeure d’Histoire à l’Université Paris 8, responsable du RING (réseau international de recherche sur le genre). Débutant son intervention sous forme de réponse aux réactions déjà exprimées du public, Michèle Riot-Sarcey met en garde contre toute forme de manichéisme, « il n'y a pas un modèle démocratique d'un côté, où le discours est égalitaire, et puis un autre où c'est l'enfermement du côté de l'obscurantisme et du religieux », en étayant son raisonnement de références historiques et militantes. La question du Code Civil est également évoquée, devenu si important pour « arrêter légalement le chemin de la liberté également emprunté par les femmes ». Les codes de la famille en cours au Maghreb sont semblables, dans le sens où « il va représenter le chemin de la liberté et assujettissement pour les autres ». Ce processus reste le même dans ce la chercheuse nomme « le rapport du droit par rapport à la réalité », dans lequel « le droit est adapté pour exclure le potentiel de liberté idéal vers des fonctions naturelles ». Les femmes étant essentielles à la reproduction de l’espèce, ce « pouvoir » les excluent de la civilisation et de l'histoire.


Les intervenantes ont ensuite ouvert le débat et répondu aux questions de la salle. 

La militante marocaine Aïcha Echannah témoigne de l’action de Fouzia Assouli décrivant son combat quotidien et son courage, allant même jusqu’à rentrer dans une mosquée pour parler à ceux qui voulaient empêcher sa venue.

Témoignage sur la situation des femmes au Liban.

Le dimanche au cours de l’assemblée générale conclusive du Forum Anna Lindh, la Présidente du RUSEMEG, Zohra Mezgueldi a pu présenter le RUSEMEG. Dans son allocution finale devant la Fondation Anna Lindh, la ministre Najat Vallaud-Belkacem a entériné la création du RUSEMEG comme première pierre de la future Fondation des femmes de la Méditerranée qui sera mise en place par l’Union pour la Méditerranée.
Compte rendu en Anglais:
" Current crisis and issue of democracy in the Mediterranean as they affect matters of gender"